Je vous emmène aujourd’hui dans une petite boutique que j’adore, découverte cet automne : Gazette.
Située dans le beau quartier de Hayes Valley, la boutique propose une sélection de vêtements, accessoires et cosmétiques pour femmes, hommes et enfants, le tout made in France. On retrouve nos traditionnelles marinières, mais aussi des produits de petits créateurs (bougies, bijoux…). J’y trouve régulièrement mon bonheur et le quartier, très animé, est toujours un plaisir à parcourir, que ce soit pour faire du shopping, déjeuner au soleil ou prendre un café.
Rencontre avec Charlotte, la créatrice de Gazette, qui nous a ouvert les portes de son bel établissement pour nous expliquer la genèse du projet, sa vision du métier et ses inspirations.
Hello Charlotte ! Peux-tu nous présenter le concept de Gazette ? Quand la boutique a-t-elle ouvert ses portes ?
Gazette a ouvert ses portes en mai dernier.
Après avoir lancé une ligne de maroquinerie haut de gamme fabriquée avec des cuirs Italiens et Français, j’ai eu la nécessité de présenter mes produits en dehors de la boutique en ligne. Les clients ont besoin de voir et de toucher les produits en maroquinerie pour mieux les comprendre et les apprécier.
Il y a aussi un sérieux besoin d’éduquer le client dans ce domaine finalement si méconnu. Qu’est-ce qu’un bon cuir ? Une question qui paraît simple, mais finalement pas tant que ça. Le rapport avec le client devient crucial pour une marque naissante dans ce domaine.
Après quelques tests avec des boutiques de San Francisco et LA, j’ai été déçue par le manque d’informations sur les ventes et par la représentation de la marque que j’avais créée.
De plus, les évènements pop-up ne permettaient pas de représenter les produits que j’avais créés dans l’univers qui leur correspondait.
Un jour, j’ai « touché le fond » et j’ai eu une révélation alors que j’avais payé pour un emplacement en face d’un parking à Berkeley à une inconnue que je n’avais pas rencontrée physiquement. Je me suis vue, j’ai réalisé l’aberration de la situation, ça a été un déclencheur.
Et puisque c’est toujours lorsque l’on est poussé dans ses derniers retranchements qu’on arrive à sortir le meilleur de soi-même, j’ai eu un élan d’optimisme. J’ai voulu tenter l’improbable. Ouvrir un store était un rêve il y a un an. On m’avait prévenue que c’était compliqué, impossible, bref je n’y allais pas y arriver si facilement.
J’ai pensé à toutes ces marques qui recherchaient sûrement à être représentées comme si elles étaient présentes et j’ai pris la décision de lancer un concept store selon trois axes:
• Des marques éthiques, responsables (avec principalement du « Made in France »)
• Des matières de qualités
• Une représentation unique qui retranscrirait l’histoire de chacune des marques
J’ai contacté des marques françaises complémentaires qui répondaient aux critères de qualité et d’éthique que je voulais transmettre en leur expliquant qu’un pop-up allait ouvrir ses portes à San Francisco au printemps et que j’aimerais qu’ils en fassent partie moyennant une participation.
Je n’avais pas encore de lieu à l’époque, ce qui était une des parties les plus difficiles du projet. Je pense avoir contacté plus au moins tous les agents de San Francisco spécialisés dans les baux commerciaux.
J’ai eu de grandes déceptions, jusqu’à ce que découvre cet espace dans la Hayes Valley, une ancienne galerie d’art (plus anciennement librairie) qui avait tout le potentiel dont j’avais besoin pour permettre à Gazette de naître.
Çà n’a pas été simple de concrétiser avec le propriétaire alors que la compétition avait un historique de ventes en magasin et d’autres stores pour prouver leur viabilité mais j’ai été finalement sélectionnée sur mes idées et ma persévérance.
Cette négociation a eu lieue en avril. Début mai le store ouvrait.
Peux-tu nous parler de ton parcours, as-tu toujours travaillé dans la vente ?
La vente dans mon parcours c’était plutôt lorsque j’étais étudiante l’été et que j’étais vendeuse pour gagner des sous. Je me débrouillais plutôt pas mal d’ailleurs mais je ne voulais en aucun cas travailler dans un magasin à l’époque.
Ce qui m’intéressait, c’était de travailler dans la mode, du côté de la conception.
Après avoir décroché mon diplôme d’ingénieur en matériaux spécialité cuir, j’ai eu la chance de travailler au siège social de Lancel pendant plusieurs années.
J’ai appris énormément alors que l’on m’avait attribué de belles responsabilités. Mon rôle était le sourcing de matières premières. J’étais un peu l’interface entre les fournisseurs et le design.
Depuis, je ne me suis jamais vue travailler avec des matières de pauvre qualité, produites dans des conditions sans aucune éthique.
Plus tard, j’ai eu l’occasion de lancer ma propre marque de maroquinerie, après avoir travaillé au sein du département commercial d’une entreprise de la Silicon Valley et sur un projet de produits physiques impliquant l’utilisation de cuirs chez Nokia.
Comment sélectionnes-tu les produits que tu proposes en boutique et à qui s’adressent-ils ?
Les produits proposés sont toujours sélectionnés avec les même critères de départ (l’éthique, la qualité des matières et beaucoup de Made in France) et bien sûr, elles doivent proposer un design bien fini et sympa avec un petit quelque chose de différent de ce que les clients trouvent habituellement ici.
Les marques doivent être complémentaires les unes aux autres. Il ne s’agit pas de faire de la concurrence entre les marques, mais au contraire qu’elles s’entraident. Le client commence par un créateur et découvre une marque de cosmétique la fois suivante.
Gazette fonctionne comme une page de magazine qui fait un zoom sur certaines marques. On ne peut pas rentrer dans un magazine mais on peut rentrer chez Gazette.
La Gazette fait référence à l’article qui est placé sur le point de vente de chacune des marques et qui est rédigé par notre rédactrice.
Qu’est ce que tu apprécies le plus dans ton travail ?
J’aime beaucoup échanger avec toutes ces marques qui sont pleines de bonne volonté pour proposer des produits qui sortent des circuits classiques et de la production de masse. Ces marques qui agissent et donnent énormément d’énergie à faire de notre planète un monde plus juste.
J’admire ces entrepreneurs et ils me donnent de l’espoir en l’humanité.
J’apprécie aussi énormément les discussions avec les clients qui sont très curieux, agréables et très à l’écoute de ces Gazettes et qui sont de plus en plus des clients éco-responsables.
Quels sont tes projets pour 2019 ?
Le lancement du site de Ecommerce en 2019 est crucial pour le développement et devrait arriver iminemment sous peu.
J’avoue que ma tendance perfectionniste m’empêche de le lancer. On pourrait presque mais je ne veux pas faire mauvaise impression.
« You only get one chance to make a first impression. You better get it right. »
Rien n’est sûr, mais le but est aussi de déménager dans le poumon de la Hayes Valley (Hayes Street) dans le but de gagner en visibilité et en passage clients.
Et bien sûr, continuer à introduire de nouvelles marques inédites aux US !
Quels sont les créateurs et designers que tu apprécies et quelles marques te séduisent ?
Je suis une grande fan de Botzaris. Je trouve que les matières sélectionnées pour leurs bodys sont incroyables, que les coupes sont superbes et le porté tellement agréable.
Mais d’une façon générale, j’aime toutes les marques présentes chez Gazette pour des raisons différentes d’une marque à l’autre.
Qu’est ce qui t’inspire et te fascine (art, lecture, musique, cinéma…) ?
La danse. Un danseur incroyable me fascine plus que n’importe quel artiste. Je pratiquais il y a longtemps le modern jazz et j’ai renoué avec la danse grâce à la Zumba (méthode de fitness inspirée de danses latinos) après la naissance de ma fille.
C’est mon exutoire, mon jardin secret, mon défouloir et ma happy place en même temps. Je pratique 2 à 3 heures par semaine et si je le pouvais ce serait plutôt 5 heures 😉
Quelle ville ou quel pays rêverais-tu de découvrir ?
La Polynésie. J’adore les îles désertes. J’ai eu la chance d’aller aux Maldives deux fois et je suis fan des petites îles isolées du reste du monde. J’aime la sérénité que ça procure.
J’aimerais aussi découvrir la Thaïlande plus en profondeur. J’ai eu la chance d’y faire un passage éclair avec des locaux qui m’a marqué à vie, un vrai coup de cœur. Je me rappellerai toujours de ces ouvriers et de leurs sourires en jouant au badminton après le travail. Une culture heureuse de vivre, comme on ne sait pas bien le faire en Europe et aux USA, où l’on confond argent et succès avec bonheur.
Dernière question : si tu devais nous recommander une seule adresse à San Francisco ?
Et bien Gazette bien sûr 😉
Plus sérieusement, l’Ardoise dans le quartier de Duboce Triangle. Je m’y sens tout simplement bien dans cette brasserie. Un menu français, classique, un service comme en France il y a 20 ans et une cuisine bien faite. Et une super carte des vins ! Haha j’adore le bon vin rouge. Dans une vie future j’étudierai l’œnologie 😉
Cet endroit doit sûrement nourrir un besoin de retour aux sources chez moi, mais je le recommande souvent aux non français qui souhaitent découvrir la cuisine traditionnelle Française et les retours sont toujours très positifs !
Merci Charlotte d’avoir répondu à mes questions !
– ma sélection shopping –
1. foulard Hues & Co // 2. collier Gisele B // 3. marinière Armor Lux // 4. blouse Les Petits Carreaux // 5 et 6. bodys Botzaris // 7. bougie Hutte // 8. caleçon Brumaire
L’adresse à retenir :
→ Gazette Store, 334 Gough Street, San Francisco 94102
J’espère que la découverte de ce store vous a plu et que vous aurez l’occasion de vous y rendre un de ces jours… A très vite.
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